À une cinquantaine de kilomètres de Boké, Kamsar s’impose de plus en plus comme un point de transit majeur de l’immigration clandestine. Malgré les efforts des autorités, le phénomène ne faiblit pas. Inquiets, les jeunes leaders de la localité tirent la sonnette d’alarme.
Saliou Keita, coordinateur du Collectif des Jeunes Leaders de Kamsar, identifie plusieurs causes majeures à la montée de l’immigration clandestine dans la localité. Pour lui, l’une des principales influences vient de l’étranger :« Beaucoup de jeunes sont séduits par les récits embellis de ceux qui vivent déjà en Europe. Sur les réseaux sociaux, les images de Paris, Milan ou Barcelone donnent l’illusion d’une vie facile et brillante. Mais derrière ces photos se cachent souvent des réalités bien plus dures », prévient-il.
Plus inquiétant encore, souligne-t-il, certaines familles participeraient activement à ces départs :« La sensibilisation ne doit pas viser uniquement les jeunes. Dans plusieurs cas, ce sont les parents eux-mêmes qui financent le voyage. Certains vont jusqu’à vendre leurs terrains pour permettre à leurs enfants de partir, au mépris des dangers. », a t’il fait savoir
Selon les informations recueillies localement, le coût d’un tel voyage varie entre 15 et 20 millions de francs guinéens. Une somme conséquente, qui pourtant ne semble pas freiner les nombreux candidats à l’exil.
Face à cette situation, Saliou Keita lance un message fort à la jeunesse :« Il est tout à fait possible de réussir ici, chez nous. Le succès ne se trouve pas uniquement à l’étranger. Et si l’on souhaite partir, cela doit se faire par des voies légales », insiste-t-il.
Pendant ce temps, les autorités locales brillent par leur silence. Une source bien informée affirme que toute prise de parole officielle sur le sujet est désormais soumise à une autorisation préalable. Nos tentatives pour obtenir la réaction des responsables compétents sont restées, pour l’instant, sans suite.
Mamadou Kankako