Dans nos sociétés africaines d’aujourd’hui, le mariage, qui devrait rester une union sacrée, simple et sincère, est de plus en plus dévoyé. D’un engagement de vie, il devient trop souvent une scène d’exhibition sociale. L’essence spirituelle et humaine s’efface au profit d’une course effrénée à l’apparat : cérémonies interminables, dots exorbitantes, habits coûteux, banquets fastueux, voitures de luxe, salles somptueuses, musiques et danses à profusion.
Ce qui devait être un moment de partage et de bénédiction se transforme en une vitrine économique où familles et mariés rivalisent de prestige, oubliant que l’essentiel ne réside pas dans le faste mais dans la sincérité de l’engagement.
Le poids des gaspillages
Ces mariages « modernes » engouffrent des sommes considérables, souvent au prix de lourds sacrifices. On s’endette, on vend des terrains, on contracte des emprunts ruineux. Les jeunes couples débutent ainsi leur vie conjugale dans la fragilité financière, alors qu’ils auraient pu investir dans un logement, un projet d’avenir ou l’éducation de leurs enfants.
Les illusions qui coûtent cher
Les conséquences sont multiples et douloureuses :
Endettement et tensions conjugales : quand les dettes pèsent, l’amour s’effrite et la discorde s’installe.
Mariage-compétition : le couple vit sous pression, cherchant à maintenir une image sociale qui étouffe l’authenticité.
Union fragile : après les lumières de la fête, les réalités quotidiennes rattrapent les mariés, souvent mal préparés.
Mépris de la simplicité : ceux qui choisissent la sobriété sont critiqués, renforçant ainsi la dictature du paraître.
Revenir à l’essentiel
Il est temps de redéfinir le sens du mariage. Sa réussite ne se mesure pas à la grandeur de la cérémonie, mais à la solidité des valeurs partagées : confiance, respect, solidarité et amour.
Plutôt que d’engloutir des fortunes dans une fête éphémère, il faut privilégier la modestie, le réalisme et l’investissement dans des projets durables. Libérons la jeunesse de la pression sociale qui fait du mariage un spectacle.
Un mariage réussi n’est pas celui qui fait du bruit le jour de la noce, mais celui qui construit, dans la discrétion, un foyer harmonieux et durable.
Le mariage n’est pas un signe de réussite sociale ni une garantie d’échec : c’est avant tout une obligation religieuse, culturelle et sociale. Mais il doit s’accomplir avec humilité, sagesse et responsabilité.
Mamadou Kankako