Dans un vibrant plaidoyer publié récemment, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Guinée, Me Mohamed Traoré, interpelle la justice guinéenne sur le sort d’un prisonnier au passé lourd et à l’histoire oubliée : Alpha Kaala Barry, plus connu sous le surnom d’Indien Kala. Âgé d’une soixantaine d’années, cet homme est aujourd’hui considéré comme le plus ancien détenu de Guinée, avec plus de trois décennies passées derrière les barreaux.
Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité lors du tristement célèbre « procès des gangs », Indien Kala croupit en prison depuis plus de 30 ans, dans l’indifférence quasi générale. Une situation que dénonce aujourd’hui Me Traoré, avocat engagé et ancien membre du Conseil national de la transition (CNT), qui appelle à un geste de justice et d’humanité.
« 60 ans dont 30 passés en prison. Alpha Kaala Diallo alias Indien Kala est probablement le plus vieux et le plus ancien prisonnier de la Guinée », déclare Me Traoré. « Il a suffisamment expié sa faute et payé sa dette envers la société. À son âge, il ne représente plus aucun danger. », plaide l’avocat
Dans son intervention, l’ancien bâtonnier propose une solution juridique qui pourrait aboutir à la libération immédiate du détenu : la commutation de sa peine de perpétuité en une peine de réclusion à temps, par exemple 30 ans. Une durée déjà purgée par le condamné, ce qui permettrait selon lui de respecter le droit tout en offrant une sortie digne à l’homme qui a passé la moitié de sa vie en prison.
« N’est-il pas temps de lui accorder la grâce ? (…) C’est cela aussi la justice », affirme Me Traoré, soulignant que le ministère de la Justice, à travers ses services compétents, ne devrait pas fermer les yeux sur ce dossier humainement et juridiquement significatif.
Au-delà du droit, ce plaidoyer soulève la question du pardon, de la réinsertion et du sens même de la peine. En droit guinéen, la commutation de peine est une mesure prévue, notamment lorsque le condamné ne représente plus une menace, et que son comportement en détention est jugé exemplaire. Me Traoré, fervent défenseur des droits humains, en appelle donc à la conscience collective, soulignant que la justice ne se résume pas à punir, mais aussi à réparer, réévaluer et, parfois, libérer.
Si les autorités compétentes entendent cet appel, Indien Kala pourrait recouvrer la liberté après 30 années de détention, refermant ainsi un chapitre judiciaire long et douloureux, tout en ouvrant une réflexion sur le traitement des longues peines dans les prisons guinéennes.
Mamadou Kankako